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TEMPS DE TRAJET DOMICILE-TRAVAIL

TEMPS DE TRAJET DOMICILE-TRAVAIL

L’UTILITÉ D’UN QUESTIONNAIRE À DESTINATION DES SALARIÉS LORS D’UN PROJET DE DÉMÉNAGEMENT

Sauf s’il est très limité en distance, le déménagement de tout ou partie d’une entreprise est très souvent la source d’inquiétudes importantes pour les salariés, relatives aux conséquences sur leurs trajets domicile-travail.

Allongement des temps de déplacements, remise en cause des modalités de transports, impacts financiers… autant d’appréhensions justifiées, mais aussi de risques de modifier les équilibres entre vie professionnelle et vie privée et, finalement, la qualité de vie au travail.

Ces craintes sont d’autant plus vivement ressenties que les déplacements peuvent constituer un réel facteur de pénibilité et de stress pour bon nombre de salariés, notamment dans les grandes agglomérations.

Les entreprises l’ont bien compris : le dossier qu’elles présentent à l’information et consultation du CSE (ou CE/CHSCT) comporte en général des éléments visant au moins à objectiver la problématique des déplacements, sinon à rassurer les salariés qu’elles souhaitent fédérer autour de leurs projets.

Au minimum figurent des plans de situation, des distances, la liste des dessertes en transports en commun, les possibilités de stationnement… Mais on trouve aussi et de plus en plus souvent des études de déplacements plus poussées, permettant de dénombrer les salariés qui connaitront un accroissement/un allégement de leur temps, de quantifier temps et distances.

LES ÉTUDES DE DÉPLACEMENT TROP LIMITÉES POUR MESURER L’IMPACT RÉEL DU DÉMÉNAGEMENT SUR LES SALARIÉS

À côté des simulateurs bien connus et à vocation plutôt individuelle, tels que Mappy, Via Michelin, Maps, pour ne citer que les plus connus, il existe un certain nombre de sociétés et de cabinets de conseil spécialisés sur les problématiques de mobilité — parfois filiales ou services intégrés au sein de grands acteurs du transport en commun — qui offrent aux entreprises la possibilité de simuler les impacts d’un déménagement sur l’ensemble de leurs salariés.

Ces prestations s’appuient sur les fichiers d’adresse du personnel couplés aux adresses de l’ancien et du nouveau site de l’entreprise, à une base complète sur l’offre de transports en commun (horaires, les temps de parcours, etc.), le tout passé au crible d’algorithmes solides. Voilà qui permet à ces conseils en mobilité de délivrer un ensemble imposant de statistiques comparées sur les effets du déménagement : temps moyen de trajet actuel et futur, temps médian, maxi/mini, pourcentage de salariés par tranches de temps, par secteur d’habitation…

Pour autant, ces statistiques traduisent-elles fidèlement la réalité ?

Au rang de la fiabilité, soulignons que les estimations des temps de parcours en transports en commun, en 2 roues, en automobile ainsi que les temps de marche à pied pour rallier un point A ou un point B, divergent parfois significativement selon les sites consultés. Nous l’avons vérifié.

Plus important, des biais méthodologiques découlent des postulats utilisés pour l’étude :

  • Une approche qui reste souvent monomodale : à savoir réaliser les simulations en ne prenant en compte que les transports en commun par exemple, alors qu’une partie des salariés utilise un autre moyen pour se déplacer, par choix ou par contrainte (zone de résidence mal desservie, handicap) ;
  • Un point de départ du trajet domicile-travail choisi par défaut à partir de la gare/station la plus proche du domicile, alors que des raisons personnelles (enfant à déposer par ex.) peuvent conduire le salarié à utiliser plusieurs moyens de transport, faire un détour, partir d’un autre lieu, etc ;
  • Le choix de retenir le trajet le plus court en temps dans les simulations, alors que pour éviter des correspondances plus nombreuses et/ou fatigantes ou s’assurer un meilleur confort de trajet, le salarié peut faire le choix d’emprunter une ligne où les conditions de voyage sont meilleures (la garantie de voyager assis par exemple), même si le trajet est plus long ;
  • Des simulations faites sur des créneaux horaires qui ne correspondent pas toujours à ceux réellement vécus par le salarié, et qui ne peuvent donc pas traduire la réalité des situations vécues au quotidien.

Ces quelques exemples soulignent en creux la faiblesse constitutive de ces études. Elles ne peuvent — et ne prétendent d’ailleurs pas le faire — prendre en compte la réalité des usages de l’ensemble des salariés, pas plus qu’elles ne peuvent prendre en compte la façon dont l’emplacement du site actuel a pu influencer les habitudes de déplacement des salariés. Elles ignorent donc l’existant.

Au-delà, ces études ne visent pas non plus à éclairer les réorganisations de vie personnelle que devront envisager les salariés, lorsqu’ils sont confrontés à un allongement de leur temps de trajet ou à un changement significatif de mode de transport.

Au motif d’un gain de temps ou de difficultés futures de stationnement, passer de la voiture aux transports en commun est louable sur beaucoup d’aspects (moins de fatigue, écologie). Mais cet arbitrage emporte aussi des contraintes horaires fortes et la réduction des marges de manœuvre pour un salarié ayant par exemple des enfants à charge.

Pour autant, il ne faut pas négliger l’intérêt de ces démarches dans la mesure où elles donnent de grandes tendances et incitent l’entreprise à se pencher sur la question des déplacements et à envisager l’accessibilité des sites comme un critère de choix important.

Force est de constater cependant qu’elles n’interviennent pas en amont du choix du futur site, mais après la décision, essentiellement pour des raisons de coût.

Finalement, ces études sont insuffisantes pour représenter les réalités individuelles face à la problématique des déplacements dans le cadre d’un déménagement. A fortiori, elles ne peuvent traduire les appréhensions ni les attentes des salariés.

Pour les élus comme pour les syndicats amenés à négocier un éventuel accord portant sur des mesures d’accompagnement, elles ne sont pas des outils opérationnels, au sens où elles ne permettent pas véritablement de construire un ensemble de revendications cohérentes, répondant au mieux au besoin des salariés… faute de les connaitre objectivement.

LE QUESTIONNAIRE PERMET D’AUDITER
LA RÉALITÉ PRÉSENTE ET FUTURE DES DÉPLACEMENTS DES SALARIÉS

L’enjeu est donc de compléter ces études « hors sol » par une démarche qui offre l’opportunité à chaque salarié de s’exprimer à la fois sur sa situation actuelle et sur sa vision du futur.

Dans le cadre des missions qui nous sont confiées par les CHSCT et les CSE sur des projets de déménagement, à côté de l’analyse de l’étude déplacements effectuée par la direction, nous proposons la réalisation d’une enquête auprès des salariés. Son objectif est multiple :

  • Confronter les études réalisées par la direction avec la réalité des déplacements actuels des salariés et leurs projections sur leurs déplacements futurs ;
  • Recueillir leurs inquiétudes et leurs questionnements ;
  • Identifier leurs besoins.

Dans sa conception, cette enquête élargit la problématique des transports à celle de la qualité de la vie au travail, au travers d’une approche centrée sur les équilibres actuels et futurs entre vie privée et vie professionnelle. Il ne s’agit pas de mettre en évidence les seuls accroissements/allégements de temps de trajet, mais d’envisager la problématique sous l’ensemble de ses aspects. Cette enquête prend généralement la forme d’un questionnaire en ligne, sous forme anonyme et sécurisée, s’articulant autour de thématiques. Ces dernières se présentent pour la plupart sous forme de questions à choix multiples, et quelques questions ouvertes permettant une libre expression complètent les données recueillies en rendant possible l’apport de précisions par le salarié, utiles à une meilleure compréhension des situations.

Le questionnaire-type est organisé autour :

  • D’informations anonymes permettant de faire des tris et d’affiner les résultats de l’enquête. Les questions portent sur le genre, l’ancienneté, l’âge, le temps de travail, la direction de rattachement et d’autres informations déterminées selon la taille de l’échantillon ;
  • De questions portant sur la fréquentation du site actuel par le salarié : régulière ou irrégulière, les jours de présence habituels, le recours au télétravail. Elles permettent de préciser l’importance de la problématique déplacements ;
  • D’un ensemble de questions concernant les pratiques actuelles de déplacement : modalités de transports utilisées, temps passé, kms, estimation du coût mensuel des déplacements, besoin de parking, contraintes horaires éventuelles et autres contraintes personnelles ;
  • De questions similaires sur la façon dont le salarié envisage de se déplacer dans le futur et de son évaluation des conséquences du déménagement : aggravation/allégement en temps, en coût, en contraintes…
  • Enfin, des questions permettant au salarié d’évoquer les dispositifs et les mesures alternatives dont il souhaite pouvoir disposer/bénéficier pour atténuer une éventuelle détérioration de ses conditions de déplacement (recours au télétravail, coworking, adaptation des horaires…) et ses souhaits ou besoins éventuels (place en crèche, abonnements de transports, permis de conduire…).

INITIER UNE ENQUÊTE AUPRÈS DES SALARIÉS LE PLUS TÔT POSSIBLE DONNE AUX ÉLUS DES ÉLÉMENTS DE NÉGOCIATION FACTUELS ET UTILES

Dès l’information-consultation sur le choix du nouveau site, nous préconisons aux élus de mettre en place une telle enquête, afin que les salariés puissent anticiper et se préparer aux changements à venir et que leurs représentants puissent se saisir de leurs besoins pour négocier des mesures d’accompagnement adaptées.

Les résultats des enquêtes que nous avons réalisées montrent de manière quasi systématique un fort taux de participation, prouvant s’il en était besoin que les salariés se sentent très concernés par cette problématique et saisissent volontiers l’opportunité, lorsqu’elle s’offre à eux, de s’exprimer sur ce sujet qui leur tient à cœur et qui peut s’avérer particulièrement sensible au quotidien.

À ce réel intérêt des salariés, devrait répondre un même intérêt des directions puisque ces démarches d’expression des salariés contribuent à désamorcer leurs craintes et à favoriser la compréhension des projets, tout en dessinant des pistes d’action pour le projet de déménagement.

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